Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rabelais et l'île de la Dive
14 juillet 2010

L'idée POLIZZI

Résumé de l'hypothèse de M. Gilles POLIZZI :

 

Vous pouvez vous reporter à blog relatant l'histoire de la DIVE pour comprendre comment j'ai découvert par hasard la thèse du professeur Polizzi ( professeur à l'université de Haute Alsace )

On peut résumer son idée nouvelle  par les passages suivants de son exposé fait à Poitiers fin aout 2001 au cours du colloque  "les grands jours de Rabelais en Poitou" ml Demonet dir. Geneve Droz 2006.

topoPoitou

 

      

30kilometres

 

 

  Cette hypothèse a été developpée sous un autre éclairage, à propos de l'abbaye de Thélème dans une autre communication de  G Polizzi au colloque d'Angers de juin 2008 (l'imaginaire géographique et politique) actes à paraître aux presses univ. de Rennes en 2010  dont on trouvera çi après une citation:

"Pour le bastiment et assortiment de l’abbaye Gargantua feist livrer de content vingt et sept cent mille huit cent trente et un mouton à la grande laine /ce sont des pièces d’or/ et par chascun an jusques à ce que le tout fut parfaict, assigna sus la recepte de la Dive seze cent soixante et neuf mille escuz au soleil et autant à l’étoile poussinière.ch. LIII p.139) Sachant que l’hyperbolisme des grand nombres est la marque de l’irréalité,et que celle-ci vise à désamorcer ou à déréaliser ce que le projet pourrait avoir de périlleux - l’inscription gravée sur la porte de l’abbaye et qui prend explicitement le parti des Evangéliques persécutés -il n’y avait pas à chercher plus loin. Si bien que la critique s’est contentée d’identifier la Dive à un ruisseau des environs de la Devinière, la « Dive Mirebalaise », source de revenus évidemment dérisoires. Or ce toponyme revient dans l’œuvre, mais comme une clef majeure de la fiction, puisqu’il s’agit de « l’île de la Dive», séjour de l’oracle de Bacbuc et objectif de la quête de Pantagruel et Panurge tout au long des Quart et Cinquième Livres. On pourrait objecter qu’une île n’est pas une rivière ; à quoi l’on répondra que cet amalgame est justement celui de la critique qui aura confondu le nom de l’île de l’oracle et celui du ruisseau chinonais.Or, pour avoirfortuitement « découvert »le « véritable » référent de l’île, du moins celui du Cinquième Livre, on a montré qu’il existait bien, aux confins du Poitou, une « île la Dive», désormais incluse dans les terres par l’assèchement du marais,et située au débouché des canaux qui reliaient l’abbaye de Maillezais à la mer, ce que Rabelais, qui y fut moine, ne pouvait ignorer. En ce qui concerne la topographie du Ve Livre, dont les toponymes sont majoritairement poitevins, la cause semble ainsi entendue. Mais il en va autrement de Thélème, expressément située au nord de Chinon.Il est pourtant séduisant de rapporter la « Dive thélémite » à l’île poitevine. Et à l’objection géographique qui prendrait argument de la distance entre Chinon et Maillezais, pour demander quel rapport il pourrait y avoir entre Gargantua,fondateur de Thélème et cette île, on répond par avance que la géographie rabelaisienne est trompeuse en ce qu’elle rapproche des lieux forts éloignés dans la réalité. En effet, l’île de la Dive est toute proche de Talmont et des Sables d’Olonne qui est inexplicablementle port de Gargantua,où aborde le navire qui, au chapitre XVI , lui apporte sa fameuse jument . Mais à quoi tend un débat que les limites de cette communication ne nous permettent pas de détailler plus avant ?A faire ressortir une lecture politique du texte. Car, référée à l’île du même nom,la « recepte de la Dive», loin d’être dérisoire ou simplement fabuleuse, existe bel et bien. Il s’agit des revenus d’un pèlerinage aux reliques de la « Vraie croix » qui faisait la fortune des moines de Saint Michel en l’Herm, voisins et rivaux de ceux de Maillezais.L’existence de ce pèlerinage,inventé 1128, estattestée par Jean Bouchet dans ses Annales d’Aquitaine ; c’est du moins ce que nous a récemmentappris un lecteur bénévole de notre article, résident de la Dive, en nous informant de la présence dans l’île, d’un prieuré et d’un ermitage qui pourraient être les référents ou les modèles de la dernière étape de la navigation, le fameux temple de Bacbuc. Rapportée à l’épisode de Thélème – et l’on convient volontiers que ce n’est qu’une hypothèse – la « recepte de la Dive», devrait alors s’entendre dans un sens politique : celui de la critique des fausses reliques et des « pardons » quiémaille plusieurs chapitres du Gargantua.

Ainsi la politique rabelaisienne ne semble pas fondée sur la topographie. Deuxièmement, en dépit ou à cause de sa richesse toponymique, il est malaisé de reporter le texte sur une carte dont les proportions et l’échelle varient à plaisir. Enfin il est un lieu dont l’identification, douteuse ou erronée, aura durablement induit en erreur la critique, sinon à propos de Thélème, du moins à propos de la navigation ultérieure de Pantagruel et de Panurge : il s’agit de la « Dive ». Dans le Gargantua, sa mentiongarantit fictivement les revenus de l’abbaye. Son économie féerique, repose d’une part, sur l’approvisionnement apporté par « sept navires (…) chargées de lingots d’or, de soie crue, de perles et pierreries » qui abordent à Thélème « par chacun an » et d’autre part sur le revenuinitialement concédé par le prince :

Ibid. ch. LIII, p.139.

Voir notre article « Rabelais, Thenaud, l’île de la Dive et le Quint Livre : de l’illusion référentielle aux modèles génériques », M-L. Demonet, Les Grands Jours de Rabelais en Poitou, actes du colloque de Poitiers, sept. 2001, Etudes rabelaisiennes T. XLIII, Genève, Droz, 2006, p.31-52.

Les cartes du début du XVIIe s. qui représentent cette côte, signalent près de la Dive un banc de sable appelé « la grande jument ».

Jean bouchet, Annales d’Aquitaine, Poitiers, Jehan et Enguilbert de Marnef frères, 1545, Première partie, f°8v°-9r° : « comme elle/ Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin / passoit par le pays de Poictou, voulut veoir (comme il est a conjecturer) son fils Lucius, qui estoit en son monastere de Luçon (…) puis s’advisa d’aller par mer : & pour ce faire s’en alla illec pres, à ung lieu nommé l’Hermitaige, où elle fist faire une petite chappelle(sic) & ung aultier au nom du Sainct Sauveur : où elle laissa grand’quantité de la vraye Croix & autres sainctes reliques qu’elle avoit apportées de Hierusalem (…) s’en retourna (…) à Rome & laissa son chapelain Paulinus de Cesariense (resic) oudict hermitaige pour la garde de ses reliques, où il vesquit par long temps & voyant l’heure de son décès, assembla lesdictes reliques en une casse soubs terre à la main dextre dudict aultier, ou depuis furent par révélation trouvées, en l’an mil cent vingt huit, (…) & dudict temps y estoit l’édifice de l’abbaye Sainct Michel en l’Her, c’est-à-dire en l’hermitage ».

On remercie vivement M. Jean-Marie Guérin, résidant à la Dive, qui a bien voulu compléter notre information, après lecture de notre article. S’étant attaché à l’histoire du lieu, il indique sur un blog (http://ladive85.canalblog.com) les références des informations qu’on transcrit.


Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Rabelais et l'île de la Dive
Publicité