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Rabelais et l'île de la Dive
29 juillet 2017

Rencontres imaginées de Poitiers à Angouleme

 

Rencontres imaginées de Poitiers à Angoulême.

carte poitiers angouleme

 

      ANTOINE ARDILLON

 La confusion très fréquente entre Fontenay-le-Comte, capitale du Bas-Poitou et Fontaine-le-Comte proche de Poitiers, m’a amené à étudier les deux cercles d’amis de Rabelais : celui de Tiraqueau et celui d’Ardillon. Si Tiraqueau est cité à de multiples reprises au cours de la vie pérégrine de Rabelais, on ne connaît que deux occurrences sur le « noble » abbé Ardillon.

-          Pantagruel (1542), Des faitz du noble Pantagruel en son jeune eage. chap. V :

« passerent par Leguge visitant le noble Ardillon abbe par Lusignan, par Sansay,

par Celles, par Colonges, par Fontenay le Comte saluant le docte Tiraqueau, et… »

-          Tiers livre (1552) chap. XVI :

« Frère Jean dit qu’il avait bien connu Perrin Dendin on temps

qu’il demeuroit a la Fontaine le Comte soubs le noble abbé Ardillon »

 Antoine Ardillon, absent des premières éditions, n’est cité[1] par Rabelais qu’en 1542. D’Estissac va mourir, les souvenirs du Poitou s’estompent. Que savons-nous de la vie de ce noble abbé de Fontaine ? Sa famille est originaire de Saintonge et elle est apparentée à la très importante famille Prévost de Sansac[2] originaire de Nanteuil-en-Vallée[3]. Cette commune n’est qu’à quarante kilomètres au nord d’Angoulême. Les armoiries d’Ardillon se blasonnent « d’azur à trois boucles d’or, l’ardillon en pal ». Ces armes figurent aux voûtes du monastère mais c’est un François d’Ardillon, abbé de 1474 à 1502[4] qui les aurait fait sculpter lors des travaux de réparation des voûtes du transept de l’abbaye Notre-Dame-des-Fontenelles. L’abbaye[5] fondée en 1127, dépend en 1520 de l’ordre de Saint-Augustin. Ses chanoines sont voués à la prédication et il y a dix-sept stalles dans le chœur. François Ier d’Ardillon meurt en 1502 et il aurait été remplacé par François II[6] d’Ardillon. La première mention d’Antoine Ardillon date de 1512 : il est prieur de Notre-Dame-des-Bois à Secondigny. Ce prieuré, comme celui de Croutelles[7], dépend de l’abbaye de Fontaine-le-Comte. Ce n’est qu’en 1513 qu’Antoine va prendre possession de l’abbaye et en 1543, il est signalé pour la dernière fois comme abbé de Fontaine.

 NÉPOTISME ET VIE MONDAINE

Tout ceci illustre parfaitement le népotisme[8] ordinaire de l’époque. Tout comme les d’Estissac à Celles-sur-Belle, Ligugé et Saint-Hilaire-de-Poitiers, les abbés de Fontaine se succèdent d’oncle à neveu puis le cercle s’élargit aux cousins[9]. Jean Bouchet parle de Fontaine dans dix de ses épîtres[10]. Il y évoque Ardillon malade, et nous découvrons un abbé d’une santé fragile. Il ne dédaignait pas « de prendre les champs » pour parler avec ses amis de littérature et de poésie. Jacques de Puytesson, chanoine de Ménigoute, est heureux de l’accueillir et dans sa correspondance à Bouchet il écrit[11] :

 

« Reproche luy sa grant austérité

Quant le verras, si de moy as mémoire

Propos final à toi je m’en voys boire. »

 

GEOFFROY D’ESTISSAC

 Comme nombre de fils puînés de la grande noblesse de province, Geoffroy d’Estissac cumule les bénéfices. Il est prieur de Ligugé en 1502, doyen de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, abbé d’Angles au diocèse de Luçon en 1504[12], abbé de Cadouin en Périgord puis de Celles-sur-Belle en 1515 par permutation avec l’abbaye d’Angles, enfin abbé et évêque de Maillezais en 1518 sur résignation du cardinal de Luxembourg, l’oncle de sa belle-sœur. Son frère Bertrand, maire de Bordeaux, avait épousé le 5 juillet 1506 à Saint-Jean-d’Angély, Catherine Chabot-Jarnac, la sœur aînée du futur amiral Brion, compagnon d’enfance de François Ier. Bertrand meurt en 1522[13] et confie l’éducation de son fils Louis à son frère l’évêque de Maillezais. Son testament est ainsi libellé : « Haut et puissant seigneur, messire Bertrand d’Estissac… maire et capitaine de la ville et cité de Bordeaux, étant grièvement malade de son corps institue son héritier universel son fils Louis et lui substitue Geoffroy son frère… Il nomme ce dernier curateur de son fils et ne pouvant déclarer à cause de sa maladie tout ce à quoi il peut être tenu envers les siens, il s’en remet à lui ». C’est à Geoffroy de s’occuper des bâtards de son frère : Jeanne épousera Louis de Bideran en 1524 à Cahuzac. Arnaud, docteur en droit, deviendra abbé de Celles et sous-doyen de Saint-Hilaire-de-Poitiers. Enfin, Jean succédera à son oncle Geoffroy comme prieur de Ligugé et doyen de Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers.

PAR LIGUGÉ VISITANT LE NOBLE ARDILLON ABBÉ

 Le prieuré de Saint-Martin de Ligugé, le plus ancien monastère d’Europe, dépend de l’abbaye de Maillezais. Après 1516 il n’y avait plus de moine résidant au prieuré de Ligugé, le service religieux étant assuré par des chapelains. Les grands travaux sont destinés à accueillir Geoffroy d’Estissac et son « ménage ». L’abbé de Maillezais a eu comme successeur Jacques d’Escoubleau nommé évêque de Maillezais en 1543. Jean d’Estissac succède à son oncle comme prieur de Ligugé en 1542 et il cédera sa charge à Jean de Bideran[14] son neveu. Dans la phrase : « par Leguge visitant le noble Ardillon abbé », il ne faut pas en conclure qu’Ardillon est abbé de Ligugé : il s’agit bien d’un roman et non d’un compte rendu historique. La phrase à retenir serait en ce cas : « passant par Ligugé puis visitant le noble abbé de Fontaine-le-Comte, Antoine Ardillon ». Rabelais note la proximité de Ligugé et de Fontaine dans le voisinage immédiat de Poitiers : il exprime ainsi le respect et l’amitié qu’il portait à Antoine Ardillon.

LES CERCLES D’AMIS AUTOUR D’ARDILLON ET D’ESTISSAC

Le cercle de Ligugé comprend les mêmes amis qui se rencontrent à Fontaine ou à Poitiers. Jean Bouchet a séjourné à Lyon en 1497 au retour de la première expédition d’Italie. Il cite Luther, mais qualifie les mauvais moines de cafards et de chattemittes. En 1522 il souhaite composer des sonnets à la mode italienne. Il fréquente assidûment Ligugé où Rabelais[15], bénédictin au service de Geoffroy, lui envoie cette si émouvante lettre qui se termine par : « ton serviteur et amy Rabellay ». L’épître XXX de Bouchet répond à l’abbé de Fontaine-le-Comte « où bien souvent se trouvent au cler matin ce Rabellay, sans oublier Quentin, Trojan, Petit, tous divers en véture ».

Quentin,[16] chevalier de Malte, serait né à Autun en 1500 ; il serait allé en Palestine et en Syrie. Jean Trojan est un cordelier futur adepte de la RPR[17] en 1537. Il est appelé « religieux plus savant que ancien » par Bouchet[18]. Nicolas Petit est né en Normandie en 1497 ; il fait ses études à Paris au collège de Montaigu et il meurt regretté de tous en 1532 à Persac[19] après quatre jours de maladie (peste ?). Il n’a que 35 ans. Poète latin, il a illustré des livres de Bouchet et s’est montré amateur de la silve, mode d’écriture poétique qu’appréciait Rabelais.

Ardillon a une correspondance fournie ; il semble assez peu voyager (nous le connaissons de santé précaire) au contraire de d’Estissac. On lui dédie de nombreux livres et son influence semble très grande[20].

Bouchet lui dédie ses Annales d’Aquitaine : «A révérent père en dieu et mon très honnoré seigneur, frère Anthoine Ardillon abbé de la Fontaine le comte, Jehan Bouchet de Poictiers rend très humble salut. Je ne saurais mon bon père et seigneur de rhéthorique, et histoire enseigneur, mettre en avant un mien petit ouvrage sans qu’il eut faict devant vous un voyage et sans avoir votre avis et conseil ». Dans l’épître liminaire en latin du Labyrinthe de fortune et séjour des trois nobles dames édité en 1522, c’est Ardillon qui dit admirer les grands rhétoriqueurs et poètes comme Bouchet et ses semblables. Plusieurs d’entre eux deviendront des amis de Rabelais comme Mellin de Saint-Gelais dont la famille est très liée à la maison d’Angoulême, Clément Marot, Pierre Gringore adepte d’Aristophane et Nicolas Bourbon de Vendeuvre qui sera emprisonné par Béda en 1533. Jean Bouchet et Ardillon sont manifestement des référents pour le groupe d’amis de Fontaine-le-Comte. Geoffroy d’Estissac semble plus mobile entre ses propriétés poitevines ou périgourdines et sa présence fréquente à la cour[21] (elle-même sujette à se déplacer). Marguerite de Navarre sait reconnaître[22] Geoffroy puisqu’elle parle dans l’une de ses lettres de « l’homme qui ressemble à l’évêque de Maillezais ».

Rajoutons que la famille Chabot de Jarnac est proche des Angoulême. Lorsque Jacques Chabot de Jarnac et Madeleine de Luxembourg marient leur fille Catherine le 5 juillet 1506 avec Bertrand d’Estissac sénéchal d’Agenais, frère de Geoffroy, le contrat de mariage est ainsi libellé : « et pour les différents qui pouvaient survenir dans l’exécution du contrat de mariage, les parties s’en remettaient à l’arbitrage de Madame Louise de Savoie, comtesse d’Angoulême, et du Cardinal de Luxembourg »[23].

Tous sont passionnés par la réforme possible de l’Église. Quelques « amis » de Fontaine-le-Comte sont des poitevins que Rabelais pouvait rencontrer en personne dans les années 1524 à 1530. L’épisode de frère Jean et Perrin Dandin au Tiers Livre de 1552 laisse à penser que le droit civil les passionnait tout autant.

Jean d’Auton est l’historiographe de Louis XII qu’il accompagne à Gênes et en Lombardie. Il publie en 1511 une épître élégiaque pour l’église militante. Il quitte la cour de Lyon en 1518 et se retire comme abbé d’Angles-sur-l’Anglin à proximité de Chauvigny et de la métairie de Villette où Jean Bouchet a sa maison de campagne. Il meurt vers 1527. Il serait l’initiateur de Bouchet à la rhétorique. Il évoque Bertrand d’Estissac dans ses Chroniques[24] de Louis XII : « Louis, bâtard de Bourbon, Laroche-Baron, le seigneur de Stissac et plusieurs autres françois qui étaient là firent merveille ; car plus de quarante génétaires et autres espagnols furent là atterrés ».

Salmon Macrin né à Loudun en 1490 fait partie de la maison de René, le grand bâtard de Savoie, frère de Louise, à la période qui nous intéresse. Dans son 6e livre, l’une des odes éditées en 1537 à Lyon par Gryphe est dédiée ad Antonium Ardillonem Fontis Comitis Coenobiacham.

Le renouveau du monachisme est à la mode vers 1500. Il fait partie des sujets de prédilection de nos clercs. Ces épîtres de Bouchet[25] permettent de dessiner un cercle d’amis poètes, juristes, parfois très jeunes et soucieux de réformer l’Église. Leur origine se partage entre le Poitou et l’Angoumois. Les deux fédérateurs principaux sont Ardillon et Estissac. On peut aussi noter l’attachement de ces érudits aux maisons de Savoie et d’Angoulême.

PIERRE DE LILLE

 Pierre de Lille, anachorète est désigné tantôt comme Petrus de Lille Borboniensis, tantôt comme Dellila ou Lilla Petrus de, Petrus Delilla, Petrus de Lilas Bellenavensis de Borbonia, Petrus lillanus Borboniensis Helyas (Elie en grec), Petrus de Lilas Borboniensis anachorita, Petri Lillani Borboniensis Heyade, Pierre de Lille Bourbonnois.Tous ces noms désignent la même personne[26]. La seule étude qui lui est consacrée le qualifie en titre « d’humaniste oublié ». Né vers 1478, il n’y a aucune mention de son décès. Il dépend de l’ordre de Notre-Dame-des-Carmes. Il est reçu bachelier en théologie à Paris, se rend à Louvain et Anvers vers 1499 pour un enseignement d’astronomie astrologique auprès de Jaspart Laet. En 1516, après avoir vécu à Avignon, il rejoint Rome et propose au pape Léon X un projet de réforme du calendrier, le « calendarium ». Pour poursuivre ses études, le Pape lui octroie deux bénéfices qui ne lui seront jamais donnés par la suite. Il serait alors entré chez les Carmes de La Châtre (castrense in biturigibus) et serait devenu en 1518 chanoine[27] régulier à Fontaine-le-Comte sous l’abbé Ardillon, selon Jean-Marie Le Gall. En 1521 il devient moine anachorète. Il signe en 1524, puis 1526, ses lettres d’Aulnay. Il se définit toujours comme Carme Bourbonnais. Est-il passé d’un monastère à l’autre, de Fontaine, couvent augustin, à un couvent des Carmes vers La Rochelle ? Il est curieux que Bouchet ne parle pas de lui dans ses épîtres qui détaillent la vie à Fontaine-le-Comte. Le premier Aulnay auquel on peut penser est un prieuré dépendant de cette abbaye. Le pape Jean V avait uni en 1358 le prieuré « d’Aunay près Loudun » à la mense commune. Il existe en effet une commune d’Aulnay dans le département de la Vienne à 12 km au sud de Loudun. Mais point de carmes dans cet endroit. Je penche pour une résidence proche mais qui ne dépendrait pas de Fontaine. L’ordre des Carmes ou Capucins possède plusieurs couvents en Charente-Maritime. Le premier à La Rochelle, rue Saint-Jean-du-Perrot à proximité du port, a été créé à la fin du XIIIe siècle et rasé en 1556. Cependant, Pierre de Lille se dit retiré à proximité de La Rochelle, il n’est donc pas à l’intérieur de la ville. Le cloître des Carmes de Jonzac fondé en 1505 par Jean de Sainte-Maure, seigneur de Jonzac, me semble assez loin de La Rochelle. Enfin le cloître des Carmes d’Aulnay-de-Saintonge autrefois Aunay-en-Poitou semble correspondre le mieux à son lieu de résidence.

Signalons des centres d’intérêt communs entre Jean Thenaud et Pierre de Lille qui nous parle du Journal de voyage à Jérusalem de Rochechouart. Thenaud fait ce voyage en 1513 et va le publier sous le titre de Voyage d’outre mer en 1523. Le catalogue des rois de France jusques au temps présent est une œuvrede Lille et Thenaud a publié La chronique des rois de France en 1508. Lille va voir Lefèvre d’Étaples à Meaux pour l’édition d’Apologia heremitarum et ce dernier lui confie une lettre pour Ardillon. Il n’écrit plus rien après le Tria Calendaria de 1529 et c’est dans cet ouvrage qu’il cite Rabelais, moine de Maillezais et traducteur de Lucien, ce qui nous le fait connaître :

« Voyons les philosophes en grand désaccord sur les principes de la nature (parce qu’ils sont hommes), sur la genèse des dieux qui plus est, et davantage encore sur les sectes philosophiques. C’est ce qu’on peut voir chez Lucien, dans la traduction qu’en a donné Rabelais, moine de Maillezais. »[28]

Sa dernière œuvre[29] se partage en trois. L’ensemble est dédié de Bourges en 1529 à François de Tournon, évêque de Bourges, primat d’Aquitaine (qui ne connaît pas Pierre de Lille). Le calendarium hominis est destiné à messieurs de labour. Le thème est celui de l’utopie. L’ajout du planetarum encyclopedia est dédié à Julien II de Soderini, évêque de Saintes et daté de 1524, à Aulnay. Le Calendarium Orbis est dédié au prieur provincial de Tours, Mathurin Gascard, écrit d’Aulnay en 1526. Dans le Calendarium solis, il explique ses démarches à Rome.

Parmi les lectures qu’il peut avoir conseillées à Rabelais : Lulle et Johannes de Rupescisse, ce dernier ayant écrit le livre de la quintessence. Pierre de Lille a parfois le même ton que Rabelais dans sa façon d’écrire : « de 56 à 72 ans, aulchune fois plus long de tous les aultres à gens de bon terroir. L’homme est engelé, tremblant, balbutiant, oblivieux, gouteux, boiteux, portant bastons, crosses ou potences, pour peu de vin troublé, sa santé n’est seure, il vacille, delire, et redevient à enfance ». On connaît aussi l’intérêt de Rabelais pour le jour intercalaire de février au travers d’ex-libris. Souvenons-nous que Pierre de Lille a étudié l’astrologie avec Laet de Louvain. Dans la Pantagruéline Pronostication, Rabelaisnous signale « Infiniz abus estre perpetrez à cause d’un tas de Pronostications de Lovain, faictes à l’ombre d’un verre de vin, … quelque chose que vous disent ces folz Astrologues de Lovain ».

L’article de Charles Perrat titré Un tas de pronostication de Lovain[30]  compare les prédictions de Louvain à celles de Rabelais et affirme « C’est moins d’ailleurs en les reprenant qu’en se glissant lui-même dans les cadres traditionnels des Pronostications de Louvain qu’il a su obtenir un effet de contraste ».

Il semble donc que l’étude de ces calendriers par Rabelais n’ait pas été superficielle. Ne pourrait-elle pas dater des échanges avec Pierre de Lille avant 1530 ?

Nous connaissons actuellement Aulnay-de-Saintonge[31] par son église classée par l’Unesco sur le chemin de Saint-Jacques, chef-d’œuvre exceptionnel de l’art roman. Ce village est sur la voie de Poitiers à Saintes et des fouilles récentes attestent de son ancienneté[32]. À l’époque, la vicomté d’Aulnay fait partie de la sénéchaussée[33] de Civray dont les seigneurs étaient grands chambellans du Poitou. La châtellenie de Melle, lieu de naissance[34] de Thenaud, a été donnée[35] en 1487 à Charles, Comte d’Angoulême et à Louise de Savoie lors de leur mariage. Louise a gardé la jouissance de ces lieux après son veuvage sur décision de Louis XII. Lorsque Louise de Savoie a l’occasion d’acquérir le château d’Aulnay à la suite d’une saisie féodale en 1508, elle n’hésite pas à agrandir son domaine de Melle de cette propriété contiguë. À sa mort en 1531 ses biens seront réunis à la couronne. La cour du château est devenue la place principale et il ne reste du bâti qu’une tour-fuye. Ce qui reste du couvent des Carmes est à mi-chemin entre l’église et la place. Les gestionnaires des biens de Louise de Savoie s’appelaient Demoulins et Thenaud. Ne peut-on pas imaginer une rencontre entre notre carme bourbonnais, Rabelais et Thenaud à Aulnay ? Le chemin de Celles à Aulnay comme de Maillezais à Aulnay se fait en peu de temps. Rabelais aurait-il connu les textes d’Érasme à Aulnay en compagnie de Thenaud son premier traducteur ? Aurait-il pu transcrire une partie du Songe de Poliphile[36] en français à partir de l’exemplaire de la bibliothèque d’Angoulême ? Le songe de Poliphile est connu à la cour de Cognac par Demoulins de Rochefort (le nom de ce fief vient d’un quartier de Mirebeau à 52 km de Chinon). Demoulins, - Mr d’escolle du Roy -, le grand aumônier qui envoie en 1523 des délégués dans les diocèses afin de réformer l’Église[37], va finir sa vie comme abbé commendataire de Saint-Mesmin à Micy-sur-Loire. Il serait mort en 1526, ayant eu le temps d’accueillir en 1524 dans cette même abbaye Pierre Amy[38] qui fuyait les farfadets de Fontenay-le-Comte. Toutes ces coïncidences ne peuvent être dues au hasard. Le songe de Poliphile est connu à la cour de Louise et l’acrostiche[39] ne permet pas le doute sur l’auteur. Comment François Rabelais aurait-il oublié son propre prénom lorsqu’il écrit Pierre Colonne dans la Briefve declaration ? Il est permis d’émettre l’hypothèse qu’il s’agit d’une indication sur celui qui lui a fait connaître Le Songe. Pierre de Lille pourrait-il être au centre de ce réseau constitué dans l’adolescence poitevine de Rabelais ? Cette mention du moine de Maillezais dans les tria calendaria-calendarium solis, hominis, orbis est significative de l’estime entre les deux hommes et de leur proximité de pensée malgré la différence d’âge.

 Calendriers, cabale, grammaire, voyages à Rome et en Terre sainte, réforme de la vie des moines, lecture de Lucien, styles semblables : ces deux-là avaient des choses à se dire et leurs rencontres ont dû porter leurs fruits. Jean Martin traduit Le Songe de Poliphile en 1546 et signale qu’un premier texte en français lui a été donné par un chevalier de Malte une quinzaine d’années auparavant, soit vers 1530. Alde Manuce a imprimé le texte initial en 1499 à Venise. C’est le lieu de collecte de toutes les œuvres grecques récoltées après la chute de l’empire byzantin. Alde crée une académie aldine dont fait partie Érasme. L’Hypnerotomachia Poliphili est actuellement considéré comme le chef-d’œuvre des compagnons imprimeurs ou typographes de l’époque. Il est imprimé dans une période où l’Italie est particulièrement troublée, et de nombreuses contrefaçons sont éditées à Lyon.

Rabelais semble avoir traduit (ou recopié une traduction) plus proche de l’original que celle de Jean Martin. Comme il introduit des phrases du Songe dès ses premières œuvres, il a donc connu cette traduction avant 1532[40].

 ANDREA NAVAGERO

 C’est en additionnant les termes : italien, Alde Manuce, France, Aulnay, humaniste, que l’on arrive sur un seul personnage connu : Andrea Navagero, ambassadeur de Venise en Espagne en 1525 puis en France en 1528, décédé à Blois en 1529.

 Il a laissé de son voyage d’Espagne en France une description très détaillée. Il décrit avec grand intérêt les monuments antiques de Bordeaux, de Saintes et de Poitiers. Cet érudit vénitien est un ami intime d’Alde Manuce, et leurs échanges épistolaires ont été conservés. Il a travaillé dans l’imprimerie d’Alde et il est bibliothécaire de Saint-Marc. Comment un tel homme n’aurait-il pas eu un exemplaire du Songe de Poliphile sur lui, alors qu’il est ambassadeur de Venise ? L’analyse des mots employés par Jean Martin dans l’édition d’août 1526 et ceux de Rabelais dans le Tiers Livre (février 1526) permet d’affirmer que Rabelais a utilisé avant Martin les mots spécifiques au Songe. Ce qui signifie que Rabelais n’a pas copié Martin. Selon d’autres auteurs, Rabelais a pu connaître le texte du Songe lors de son travail de lecteur dans les imprimeries lyonnaises ou lors de son premier voyage en Italie.

W.F. Smith en 1906 dans la Revue des Études Rabelaisiennes[41] laisse penser que Rabelais a recopié quelques chapitres et seulement les titres en intégralité car il n’a feuilleté ce livre que peu de temps. Revenons à notre ambassade vénitienne qui va de Madrid à Blois.

La relation de la remontée de Navagero de Bordeaux à Poitiers est particulièrement détaillée. C’est dans le texte sans importance conservé dans la langue d’origine que réside le détail : Navagero a emprunté la voie qui passe par Aulnay et Melle. Une lieue commune correspond environ à quatre km. Pour le voyage qui nous concerne la lieue s’étire de quatre à sept kilomètres environ. Navagero s’étonne de la longueur[42] des lieues des Landes,[43] ce qui nous rappelle la fin du chapitre des Dipsodes[44] : « pourquoy les lieues sont tant petites en France ». Il y a cinq lieues de Saintes à Saint-Jean-d’Angély, trois pour rejoindre Oné (Aulnay), une pour Vildio (La Villedieu), puis deux pour Brio (Brioux-sur-Boutonne), enfin deux pour Mela (Melle). Navagero signale justement qu’Aulnay n’est plus en Saintonge mais qu’il s’agit du premier lieu du Poitou où résident les Pictons. Melle est situé par notre ambassadeur à douze lieues d’Angoulême où se trouve Madame la Régente.

 Le 17 juin 1528, Navagero est à Aulnay. Personne ne sait où se trouve Rabelais, on le situe à Paris sans argument daté. Pourquoi y serait-il en permanence ? Pierre de Lille est alors retiré au couvent des Carmes d’Aulnay. Aulnay est une étape sur le chemin de Compostelle. La mention d’Oné et les détails donnés sur sa localisation en Poitou font penser que Navagero a pu s’arrêter dans cette paroisse. Ce lieu peut être pour lui une occasion de rencontrer Pierre de Lille ou Thenaud qui ne sont pas cités mais les humanistes devaient se reconnaître facilement. Dire que cette rencontre a permis d’échanger une partie de la traduction du Songe de Poliphile relève de la pure fiction, mais la rencontre physique de tous ces personnages est parfaitement possible.

 CELLES-SUR-BELLE

L’abbaye de Notre-Dame de Celles-sur-Belle de l’ordre de Saint-Augustin se trouve à 8 km de Melle. Geoffroy d’Estissac résigne en 1515 sa charge d’abbé d’Angles[45] en Luçonnois qu’il possédait depuis 1504, en faveur d’un chanoine élu abbé de Celles-sur-Belle : Robert Allidas. Par cet échange, d’Estissac, futur abbé de Maillezais, devient alors abbé de Celles. Probablement malade, il transmet cette charge à son neveu Arnaud d’Estissac, fils bâtard de son frère, qui lui succède en 1542. En 1562 Arnaud, docteur ès droit, abbé de Celles, rend hommage[46] pour son hôtel de La Croix-Comtesse au seigneur de Villeneuve-la-Comtesse. Cette seigneurie de Villeneuve, qui dépendait de Chizé,[47] avait été donnée à Louise de Savoie, ce qui agrandissait fort opportunément ses propriétés voisines. Quand Gymnaste offre à Tripet du vin[48] de la Foye-Monjault, c’est une allusion curieuse du point de vue géographique. C’était là que se fixait le prix des vins pour la région de Niort. Ce nectar aujourd’hui inconnu était qualifié de « vin de bouche des rois ». C’est un modeste village à mi-chemin entre Maillezais et Aulnay. Henry IV aurait possédé des vignes en cet endroit selon la tradition locale : la chose paraît plausible puisqu’il peut s’agir d’un héritage de Louise comme le toponyme de « La Comtesse » pour Villeneuve.

 Mais le grand secret de la famille d’Estissac est la bâtardise cachée[49] (interdite pour cet emploi) d’Arnaud et de Jean. Cette réalité va entraîner des suites fâcheuses que va exploiter la concurrence[50] et Arnaud ne pourra devenir abbé de Maillezais et de Cadouin à la mort de son oncle. Sous la direction d’Arnaud, l’abbaye de Celles sera détruite en 1567 par les protestants et il mourra de chagrin en 1569. La jouissance des biens de l’abbaye est ensuite attribuée aux frères François et Aimery de Barbezières par Charles IX. Les Barbezières sont des fidèles de la maison de La Trémoille de Thouars. Plusieurs d’entre eux furent gouverneurs de Taillebourg[51]. Ils vont nommer comme abbé confidenciaire René Thenaud leur ancien domestique après qu’il eut reçu la tonsure ecclésiastique[52]. Les Thenaud ne sont pas si nombreux dans la région, mais je n’ai pas encore pu faire de lien avec Jean Thenaud. Ces éléments sont extraits d’une Histoire de l’abbaye de Celles-sur-Belle écrite par l’abbé Largeault. Un autre nom cité par Rabelais apparaît dans cette histoire de l’abbaye. « Dans son testament du 16 août 1524, Jean Joubert de Fayolle[53] fait un legs particulier en faveur de son troisième fils, frère Barnabé religieux à Notre-Dame de Celles en Poitou ». Souvenez-vous de « Fayolles quart Roy de Numidie qui envoya une jument la plus énorme au port d’Olonne[54] ». L’abbé Largeault nous parle à regret « du trop célèbre Rabelais, qui a écrit l’innommable histoire de Gargantua etPantagruel ». » Le contexte historique est le suivant : François Ier est reçu à Celles le 22 août 1530 au retour d’Espagne des enfants de France et de la reine Éléonore, sœur de Charles Quint. La reine et les enfants avaient le 22 juillet fait leur entrée à Angoulême. Nous avons une relation de cette entrée qui semble être, selon l’abbé Largeault[55], de la main[56] de Rabelais. Voici un extrait de ce texte :

« Entrée de la Reine (Éléonore) et de nos seigneurs les enfants de France dans la ville d’Angoulême.

 Pour vous advertir des nouvelles de par deçà, hyer fut faicte en ceste ville l’entrée de la Rogne et de Messeigneurs ses enffants de France, en gros triumphe et à grande joye, les rues tendues entièrement de tapisserie, couvertes de linge blanc, et de toyse en toyse pendoient les armes du Roy et de la Rogne, avec la Salmandre et le Phénis que ladicte Rogne a pour sa devise. Le pavé éstoit tout comblé de sable d’un pied de haulteur, et à chascun coing de rue estoient escharffaux faictz menusiez et couvertz à l’antique, sur lesquelz estoient filles de quatorze à dix-sept ans, belles par si grande excellence, que au jugement de l’oiel, ressembloient à Nymphes et Déesses, estoient habillées aucunes à la Genevoyse, aultres à l’Italienne, Espagnolle, Turque, et d’aultres diverses manières des vestures des nations estrangières : chantaient lesdictes filles rondeaux, conbletz et motelz, […] car il est oit bon à veoir et entendre que chascun avoit faict son devoir et s’estoit efforcé au mieulx. Pour aller au-devant de ladite dame partirent de ceste Ville Monseigneur le Gouverneur avec les Gentizhommes d’autour icelle ; après eux, le Maire, bourgeois et habitans de ladite ville, ledict Maire accompaigné de deux centz hommes habillez de livrée, auxquels ladite Ville avoit donné à chascun dix livres pour ayder à leur acoustrer, et estoient en ordre en manière de monstre, bien garniz et equippez de Tabourins et Piffres, et en bonne marche. […]fut faicte harangue par chascune desdictes bandes et par l’ordre qui dict est. Monseigneur le gouverneur fist la sienne premier, en François : le procureur de la ville et cité d’Angoulême, en latin, pour les bourgeoys ; le Maire pour tout le corps desdictes Ville et Cité, en Françoys ; le Lieutenant de la Justice, en latin ; chascune durant un gros quart d’heure, et ledict Président aussi la sienne, pour lui et sa bande, en latin, laquelle dura environ demy heure ; et faisoient chascun tel et si bon devoir qu’ilz demontroient assez vouloir acquérir honneur et grace. […] Au dessus de ladite porte, est oit un escharfault où estoient les petits enffans de ladite Ville et Cité, au dessoubz de quatre ans, qui chantaient vivent la Rogne et Messeigneurs les Enffans : et au dessus dudict escharfault en y avoit un aultre eslevé de deux toyses, où estoient tous les joueurs d’instrumentz de ce pays. Pensez s’il les faisoit bon ouyr. […]Dura ladite entrée depuis ung pau devant sept heures du soir jusques environ les dix, et faisoit cler jour comme à plain midy : car à chascune fenestre et à chascun huys, sans excepter aucun, y avoit une torche. Ne fault oublier la grosse artillerie qui avec gros bruyt sonna puis après et la faisoit bon ouyr. […]On avoit faict une corde de la porte du Palays jusques à ladite garenne, dessus laquelle couroient deux enffans de ceste Ville la poste ; et les convint armer, parce quilz se voulurent battre, et fut à pied car

 ilz ne trouvèrent cheval qui peust monter si hault. Et affin que je ne soye trop prolixe en langaige, je ne vous feray plus longue Lettre et prieray Notre-Seigneur vous donner, Monseigneur et Frère, l’accomplissement de voz desirs. D’Angoulesme ce jour xxiij de juillet m.v.c.xxx. »

 

CONCLUSION

 La fonction de Rabelais, secrétaire exclusif de d’Estissac, semble avoir duré jusqu’en 1530. Ne pourrait-on pas appliquer à Rabelais cette remarque de Machiavel : « les cours des princes sont remplies d’hommes dont l’unique emploi est de tout écouter ». Chargé de seconder un maître qui n’avait pas le don d’ubiquité et qui fréquentait assidûment la cour, Rabelais n’aurait-il pas eu aussi un rôle de pédagogue des enfants naturels de Bertrand d’Estissac ? Les plus âgés, Arnaud et Jean, ont été élevés comme Louis et leur bâtardise a été soigneusement cachée pour leur permettre de succéder à leur oncle dans la carrière ecclésiastique. Il fallait pour cela un clerc de confiance aux connaissances encyclopédiques. Officiellement, ils sont totalement ignorés, Bouchet n’en dit pas un mot. Après le mariage de Louis en 1527, Rabelais a probablement noué des contacts sérieux avec la cour d’Angoulême et ses serviteurs discrets comme Thenaud, car « la chorographie y consentait parfaitement ». La position géographique de Poitiers, de Celles-sur-Belle et d’Aulnay permettait des relations suivies entre ces moines. On a dans ce séjour poitevin la certitude de contacts entre la famille d’Angoulême, lieu évident du pouvoir, et la maison de l’évêque de Maillezais. L’hypothèse de P. Smith[57] concernant une collaboration possible entre Thenaud et Rabelais devient hautement probable. Almanach, goût du voyage, pratique du grec, passion pour l’humanisme : nous sommes là à la source des connaissances de Rabelais, moine de Maillezais en 1529. Si la lettre d’Angoulême datée de juillet 1530 est signée du frère Rabelais à Monseigneur d’Estissac, cela signifie que Rabelais est toujours bénédictin de Maillezais deux mois avant son inscription à Montpellier. Cette idée est à mettre en rapport avec le texte de la supplicatio Rabelaesi destinée au pape Paul III : « il demeura dans cet ordre pendant plusieurs années. Par la suite ayant quitté l’habit religieux, il partit pour Montpellier[58] ». Rabelais n’aurait donc pas été moine gyrovague à Paris car il y était toujours aux ordres de monseigneur d’Estissac comme le 22 août 1530 pour l’entrée du roi à l’abbaye de Celles-sur-Belle. Il n’a quitté sa robe de moine que pour faire des études de médecine, mais il dépend toujours de la maison d’Estissac lors de son second séjour en Italie en 1535[59]. Il reste un problème non résolu : quelle passion ou quel ordre va l’entraîner à Montpellier s’inscrire à la faculté de médecine le 17 septembre 1530 ?

Votre avis m’intéresse                                          jeanmarieguerin@wanadoo.fr

24 chemin du prieuré 85580 île de la dive.

 

 

 

 



[1] Rabelais, Œuvres complètes, M. Huchon, Gallimard, 1994, Pléiade, p. 230 et p. 1255.

[2] « Nous sommes quatre gentilshommes de Guyenne qui combattons contre tous, allants et venants, moi, Sansac, Essé et Chataigneraye » aurait dit François Ier.

[3] Un Prévost-de-Sansac sera abbé après Antoine Ardillon.

[4] Redet, Notice historique sur l’abbaye de Fontaine le Comte près Poitiers, Mémoire de la société des Antiquaires de l’Ouest, 1837, pp. 226-231.

[5] Redet, Notice historique sur l’abbaye de Fontaine le Comte près Poitiers, Mémoire de la société des Antiquaires de l’Ouest, t. III, pp. 226-231.

[6] Hugues du Tems, Le clergé de France, Tome 2, 1774, Paris, p. 497.

[7] Distant de 6 km de Ligugé.

[8] Dont se moque Rabelais au chapitre xvi du Cinquième Livre : Comment nous passasmes outre.

[9] Nous verrons des Bideran et des de La Rochefoucauld à Celles et des Prévost de Sansac à Fontaine.

[10] J. Bouchet, Épitres morales et familières du Traverseur, 1545, Épîtres xix, xxx, xxXIV, xxxv, l, lxvii, lxviii, lxxviii, lxxxv, lxxxvi.

[11] Probablement en 1532.

[12] A 20 km de l’île de la Dive, cette charge a été résiliée en 1515 lors de sa nomination comme abbé de Celles-sur-Belle. Gilles Bresson, Abbayes et prieurés de Vendée, 2005, éditions d’Orbestier, Château d’Olonne Vendée, p. 61.

[13] Les dates de 1516 et 1517 qui sont parfois annoncées sont contredites par les Jurades de Bergerac  de 1522.

[14] L.J Bord, Histoire de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé, Geuthner, 2005, p. 142.

[15] J. Bouchet, Épitres morales et familières du Traverseur, 1545, Épitre L.

[16] Il y a plusieurs homonymes dont Jan Quentin à Montpellier cité au Tiers Livre, un Cantin et un Quintin.

[17] Religion Prétendument Réformée.

[18] J. Bouchet, Opuscule du traverseur des voyes périlleuses, 1526, Jacques Bouchet, Poitiers.

[19] Près de Lussac-les-Châteaux.

[20] Jean Plattard, L’adolescence de Rabelais en Poitou, 1923, Paris, Les belles lettres, p. 66.

[21] Patrick Esclafer de la Rode, Montclar la baronnie et ses seigneurs, imprimerie Mussidanaise, 1999, p. 49 : sa physionomie est si connue que Marguerite de Navarre, voulant dans une lettre désigner une personne sans la nommer, parle à son correspondant de « l’homme qui ressemble à l’évêque de Maillezais ».

[22] Marguerite d’Angoulême, Lettres de Marguerite d’Angoulême, Paris, F.Genin, 1841, Lettre 122 datée de Valence 1536.

[23] Patrick Esclafer de la Rode, Montclar la baronnie et ses seigneurs, imprimerie Mussidanaise, 1999, p. 47.

[24] Jean d’Auton, Chroniques, par R. de Maulde de la Clavière, Volume 2, p. 386.

[25] M. Huchon, Rabelais, 2011, Gallimard, pp. 95-103.

[26] François Secret, "Un humaniste oublié, le carme bourbonnais Pierre de Lille", dans "L'humanisme français au début de la Renaissance", Colloque international de Tours, 14, Paris, Vrin, 1973, pp. 207-223.

[27] Jean-Marie Le Gall, Les moines au temps des réformes, France (1480-1560), éditions Champ Vallon, 2001, Presses universitaires de France, 642 pages, p. 52.

[28] Menini Romain, Rabelais altérateur, 2014, Classiques Garnier, Les mondes de Rabelais, p.142.

[29] Pierre de Lille, Tria calendaria parva Petri lillani Borboniensis Helyade, Poitiers, Jean Joussant, 1529. « En ce livre sont troys calendriers. Le premier du souleil adresse a messieurs de leglise. Le segond de lhomme a messieurs de labour. Le troysiesme du monde, a messieurs les nobles. Adjecta est in calce ad exemplar vii. planetarum enciclopedia, res omnis & doctrinas septifariam secans ».

[30] François Rabelais, ouvrage publié pour le quatrième centenaire de sa mort, 1553-1953, Genève, Droz, et Lille, Giard, 1953, pp. 60-73.

[31] Situé dans le nord du département de Charente-Maritime.

[32] Temple et garnison romaine.

[33] Sénéchaussée de Civray avec les prévôtés de Melle, Usson et Chizé.

[34] Ce serait aussi le pays d’origine de Puyherbaud moine de Fontevrault, ennemi de Rabelais. Il existait à Melle une aumônerie de ce nom à proximité de l’église Saint-Hilaire.

[35] Comme la châtellenie de Chizé toute proche.

[36] Un exemplaire de 1499 d’Alde Manuce était dans la bibliothèque de Louise de Savoie ; il est actuellement à la bibliothèque Laurentienne de Florence. François Ier en achète un autre exemplaire après 1530.

[37] Dir. Brioist, L. Fagnart, C. Michon, Louise de Savoie 1476-1531, 2015, Presses universitaires François-Rabelais de Tours, Presses universitaires de Rennes, Charlotte Bonnet, Louise de Savoie et François Demoulins, p. 258.

[38] Mort en 1525 à Bâle.

[39] Polliam frater Franciscus Columna peramavit : frère Francesco Colonna a aimé Polia intensément.

[40] Francesco Colonna, Le Songe de Poliphile, Paris, Kerver, 1546, édition de Gilles Polizzi, collection la Salamandre, imprimerie nationale, 2004, p. XXXIV note 39.

[41] W.F. Smith, RER, 1906, Mélanges, p. 237 « n’avait eu en possession ce livre rare et précieux que peu de temps. » 

[42] RER, tome 6, 1908, G. Beaurain, Les lieues des Landes, p. 67.

[43] Da Baiona a Burdeos le leghe son molto grande.

[44] Rabelais, Œuvres complètes, Pantagruel, M. Huchon, 1994, Pléiade, chap. XXIII, p. 298.

[45] Diocèse de Luçon en Bas-Poitou. Le 10 janvier 1511 la sénéchaussée de Poitiers condamne l’abbé d’Angles à payer une rente de 20     sous au chapitre de Saint-Pierre de Poitiers pour 15 ans de droits de luminaires non payés.

[46] Antoine Marie d’Hozier de Sérigny, Armorial général de France, vol. 2, 1742, Paris, p. 700.

[47] La forêt de Benon proche de La Rochelle se continue par celle de Chizé, de Celles et d’Aulnay, puis de Tusson à 30 km au nord d’Angoulême. L’ensemble constituait la sylve d’Argenson.

[48] Rabelais, Œuvres complètes, Gargantua, M. Huchon, 1994, Pléiade, chap. XXXIV, p. 97.

[49] Patrick Esclafer de la Rode, Montclar la baronnie et ses seigneurs, imprimerie Mussidanaise, 1999, p. 48.

[50] Jean I d’Escoubleau qui sera abbé de Maillezais et de Cadouin.

[51] La patrie de Dindenault.

[52] Abbé Largeault, Histoire de l’abbaye de Celles-sur-Belle, 1901, Res Universis, p. 114.

[53] Abbé Largeault, Histoire de l’abbaye de Celles-sur-Belle, 1901, Res Universis, p. 81.

[54] Rabelais Œuvres complètes, Gargantua, M. Huchon, 1994, Pléiade, chap. XVI.

[55] Qui reprend cette proposition d’un archiviste de la ville d’Angoulême M. Eusèbe Castaigne.

[56] M. Castaigne a réédité ce texte en 1856 dans le bulletin de la société archéologique et historique de la Charente 2e série t. 1, p. 295. Il signale leur extravagance rabelaisienne.

[57] Paul J Smith, Rabelais et Jean Thenaud avant 1517 : quelques hypothèses, ML Demonet, S Geonget, Les grands jours de Rabelais en Poitou, 2006, Droz, Genève, p. 183-194.

[58] Rabelais Œuvres complètes, Supplique de Rabelais, M. Huchon, 1994, Pléiade, p. 1031.

[59] Rabelais Œuvres complètes, lettres d’Italie, M. Huchon, 1994, Pléiade, p. 1001 : « Si mon argent est court, je me recommanderay à vos Aulmosnes ».

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